
Dominique Ciccolella
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L'authenticité de cette œuvre a été confirmée par Michel Schulman.
Cette œuvre est répertoriée sous le numéro MSb-286 du Catalogue Raisonné en ligne.
The authenticity of this work has been confirmed by Michel Schulman.
This work is listed under number MSb-286 in the online Catalogue Raisonné.
Provenance
Famille de l'artiste.
Collection Général Cazalis, France (mari de Thérèse des Hours, cousine de Bazille).
Probablement Galerie Blot, Paris.
Collection Horndasch, Allemagne.
Collection particulière.
Frédéric Bazille (1841-1870), souvent associé au mouvement réaliste et à l'émergence de l'impressionnisme, développe une œuvre qui dépasse le simple cadre naturaliste pour toucher à une dimension poétique et allégorique. Issu d'une famille protestante aisée de Montpellier, Bazille passe chaque été au domaine de Méric, au bord du Lez, un lieu chargé de souvenirs familiaux qui devient le cadre privilégié de ses expérimentations picturales. En 1867, il y réalise La Réunion de famille, admis au Salon de 1868, puis, en 1868, Vue de village, où une jeune fille en robe blanche à rayures roses, posée sur les hauteurs du Lez, incarne une présence à la fois réelle et idéalisée.
Ces œuvres, bien qu'ancrées dans l'observation directe, portent une dimension sensible et narrative que partagent les artistes du cercle de Manet et Renoir. Comme eux, Bazille s'intéresse à la lumière, à la vérité des carnations et à la spontanéité du geste pictural, tout en restant attentif à la rigueur formelle héritée de la tradition académique. Dans cette recherche d'équilibre entre nature et idéal, on perçoit également l'influence de Courbet, dont la peinture réaliste a ouvert la voie à une représentation plus directe et sincère du corps et du paysage, ainsi que celle de Bouguereau et Cabanel, maîtres du nu harmonieux et du modelé raffiné.
Un détail particulièrement révélateur vient souligner la cohérence du langage pictural de Bazille : le drapé rayé, posé ici sur la pierre et servant de serviette, est identique à celui figurant dans La Mauresque (1869, musée Fabre, Montpellier).
Le corps féminin, intégré à la nature, y incarne une idée - beauté, innocence, contemplation - sans recourir aux prétextes mythologiques ou religieux traditionnels. Certaines de ces toiles, restées inachevées, peuvent être interprétées comme des songes ou des pensées en cours de formation, où l'artiste cherche à capter une impression, une émotion, une idée en devenir.
L'œuvre Au bord du Lez est particulièrement révélatrice de cette dualité entre observation et rêverie. Bazille y peint une scène où la lumière, les couleurs et la composition créent une atmosphère à la fois réaliste et poétique. En cela, Bazille se situe à la croisée des chemins : entre le réalisme de Courbet, l'audace de Manet, et la poésie des préraphaélites. Son œuvre, ancrée dans le terroir méditerranéen mais ouverte aux influences européennes, annonce déjà les recherches des nabis et des symbolistes de la fin du siècle, faisant de lui un artiste charnière, où le réel et le rêve, l'observation et l'imagination, se mêlent pour donner naissance à une vision renouvelée de la peinture.
Au bord du Lez est un songe représentant une odalisque à la peau diaphane d'une beauté exquise et surprise parce qui est une hallucination masculine qui vient la cueillir au sortir de son bain. Bazille, dont les œuvres sont rares sur le marché, n'a sans doute pas su donner une fin esthétiquement parfaite à son œuvre empreinte d'interrogation mais il en ressort un tableau remarquable dont la poésie et la technique ne peuvent nous laisser indifférents.
Frédéric Bazille (1841–1870), often associated with the Realist movement and the emergence of Impressionism, developed a body of work that transcends mere naturalism to reach a poetic and allegorical dimension. Born into a wealthy Protestant family from Montpellier, Bazille spent every summer at the family estate of Méric, on the banks of the Lez — a place filled with family memories that became the privileged setting for his pictorial experiments. In 1867, he painted The Family Gathering there, exhibited at the 1868 Salon, and the following year produced View of the Village, in which a young girl in a white dress with pink stripes, seated on the heights above the Lez, embodies a presence that is both real and idealised.
Although rooted in direct observation, these works possess a sensitive and narrative quality shared by artists within the circle of Manet and Renoir. Like them, Bazille was interested in light, the truth of flesh tones, and the spontaneity of the painterly gesture, while remaining attentive to the formal rigour inherited from the academic tradition. In this search for balance between nature and ideal, one also perceives the influence of Courbet, whose Realist painting paved the way for a more direct and sincere representation of the body and landscape, as well as that of Bouguereau and Cabanel, masters of harmonious nudes and refined modelling.
A particularly revealing detail underscores the coherence of Bazille's pictorial language: the striped drapery, laid here upon the stone and serving as a towel, is identical to that depicted in The Moorish Woman (1869, Musée Fabre, Montpellier). The female body, integrated into nature, embodies an idea — beauty, innocence, contemplation — without resorting to the traditional mythological or religious pretexts. Some of these canvases, left unfinished, may be interpreted as dreams or thoughts in formation, in which the artist seeks to capture an impression, an emotion, or an emerging idea.
The work Au bord du Lez is particularly revealing of this duality between observation and reverie. Bazille depicts a scene where light, colour, and composition create an atmosphere at once realistic and poetic. In this sense, Bazille stands at a crossroads: between the realism of Courbet, the boldness of Manet, and the poetry of the Pre-Raphaelites. His work, deeply rooted in the Mediterranean landscape yet open to European influences, already anticipates the explorations of the Nabis and Symbolists at the century's end, making him a pivotal artist in whom reality and dream, observation and imagination, intertwine to give rise to a renewed vision of painting.
Au bord du Lez is a dreamscape depicting an odalisque with diaphanous skin, of exquisite beauty, startled by what appears to be a masculine hallucination come to seize her as she emerges from her bath. Bazille, whose works are rare on the market, perhaps failed to give this painting a perfectly achieved aesthetic resolution; yet it remains a remarkable work, whose poetry and technical mastery cannot leave us indifferent.