
Dominique Ciccolella
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Un certificat signé de l'artiste sera remis à l'acquéreur.
Provenance
Galerie Catherine Issert, Saint Paul de Vence
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 2004
L'Arte Povera, empreint d'une poésie alchimique et d'une grâce délicieusement hermétique, exhale les lois immanentes de la Nature de même que ce mouvement aborde le passage du Temps. Epris d'une vision franciscaine du monde, ces artistes changèrent l'Histoire de l'Art, en transmuant notre regard.
C'est en 1967 que le célèbre critique d'art italien Germano Celant théorise l'expression, dont le nom éponyme donnera naissance à ce mouvement, à l'aura aujourd'hui planétaire. Véritable réponse artistique à la suprématie du pop art et au minimalisme américain, l'Arte Povera – dont le nom apparaît pour la première fois dans la revue Flash dans un écrit intitulé Appunti per una guerriglia (notes pour une guérilla) – s'érige dans un pays où le modèle libéral de surconsommation américaine est hégémonique. Une réaction sociale, culturelle, émerge en Italie, avec pour seule arme la simplicité... La démarche se veut novatrice quant à la création, la diffusion et la réception d'une œuvre d'art, le regard du spectateur induisant une expérience sensible.
Pier Paolo Calzolari, figure emblématique du mouvement, écrit Casa Ideale en 1968 un texte programmatique qui, sous sa plume, devient le vecteur d'une série d'idées qui oriente la pratique de l'artiste « une nécessité, un rêve, un espace de liberté où mes idéaux pouvaient être les hôtes de mes pensées et de celles des autres ». En 1969, il participe aux expositions Op Losse Schroeven : situaties en cryptostructuren au Stedelijk Museum d'Amsterdam ainsi qu'à Live in your Head : When attitudes become forms dont Harald Szeemann est le commissaire à la Kunsthalle de Berne. L'exposition, devenue mythique, sera redéployée à la fondation Prada de Venise en 2013. Dès 1972, l'artiste expose régulièrement à Paris et New York grâce à la célèbre galerie Sonnabend.
Eprise des matériaux évocateurs des quatre éléments alchimiques, sa création est un véritable acte de passion, dont le Temps est l'ancrage véritable : l'artiste s'asservit de la physicalité. Dans une symphonie organique, ses œuvres élégiaques et sublimes convoquent le sel, la mousse, la glace, le plomb, le tabac, le feu etc., obéissant à des lois immanentes à la vie, ce que révéla à merveille l'exposition qui lui sera consacrée à la villa Paloma à Monaco en 2023. Les deux œuvres que nous présentons sont emblématiques de son art où le sel se meut, sous ses mains, en une lumière tactile.
Celle de 1989 surgit de son observation juvénile de la lumière vénitienne éblouissante et invasive, qui mordait la pietra de Istria : cette immensité blanche que venaient ponctuer les ponts de la cité des doges : « Je me souviens des lignes des ponts vénitiens, les plus anciens en bois, qui reposent, sans s'alourdir sur les rues, avec leurs contours doux et sensuels, presque abandonnés entre la terre et l'eau » écrit l'artiste. Celle de 1987, quant à elle, de sa vibration singulière épouse les méandres du temps tout en invitant à la contemplation votive que vient caresser la flamme tremblante, qui n'est pas sans une évocation subtile des retables dans les églises. Le sel permit à Calzolari de traduire cette condition de sensibilité chromatique du blanc tandis que le plomb offrait sa malléabilité et sa déformation visible. Dans une sobriété formelle, l'artiste exhume les matériaux de leur condition ordinaire, en mettant en évidence leur essence même et non plus ce qu'ils représentent.
Conservées dans les plus grandes collections privées internationales et institutionnelles (le Guggenheim de New York, le Fine Art Museum de Boston, l'Art Institute de Chicago, le Castello di Rivoli Museo di Arte Contemporanea à Turin, le MAXXI à Rome, le Palazzo Grassi à Venise, le Centre Pompidou à Paris etc.), ses œuvres, avec l'humilité qui sied au mystère et une poésie infinie, nous donnent à voir l'impalpable : l'impermanence.
Arte Povera, infused with alchemical poetry and a delightfully hermetic grace, is a movement wrought by the immanent laws of Nature while addressing the passage of Time. Inspired by a Franciscan vision of the world, these artists changed the history of art by transforming our perceptions.
It was in 1967 that the renowned Italian art critic Germano Celant theorised the expression, the eponymous name of which would give birth to a movement, whose aura now spans the globe. A genuine artistic response to the supremacy of pop art and American minimalism, Arte Povera, a name coined for the first time in Flash magazine in an essay entitled Appunti per una guerriglia (notes for a guerrilla war), originated in a country where the liberal model of American over-consumption was hegemonic. A social and cultural reaction was emerging in Italy, with simplicity as its only weapon. The approach was to be innovative in terms of creation, dissemination and reception of a work of art, with the viewer's gaze inducing a sensory experience.
Pier Paolo Calzolari, an emblematic figure of the movement, wrote Casa Ideale in 1968, a programmatic text which, under his pen, became the vehicle for a series of ideas that guided the artist's practice: 'a necessity, a dream, a space of freedom where my ideals could host my thoughts and those of others'. In 1969, he took part in the exhibitions Op Losse Schroeven: situaties en cryptostructuren (On Loose Screws: Situations and Cryptostructures) at the Stedelijk Museum in Amsterdam and Live in your Head: When attitudes become forms, curated by Harald Szeemann at the Kunsthalle in Bern. The exhibition, which has become legendary, was restaged at the Prada Foundation in Venice in 2013. From 1972 onwards, the artist exhibited regularly in Paris and New York thanks to the famous Sonnabend Gallery.
Besotted with materials evocative of the four alchemical elements, his oeuvre is a veritable act of passion, with time as its true anchor: the artist enslaves himself to physicality. In an organic symphony, his elegiac and sublime works evoke salt, moss, ice, lead, tobacco, fire and more, obeying the laws inherent to life, as beautifully revealed in the exhibition dedicated to him at the Villa Paloma in Monaco in 2023. The two works we are presenting are emblematic of his art, where salt under his hands, becomes a palpable light.
The 1989 work arose from his youthful observation of the dazzling and invasive Venetian light that bit into the pietra d'Istria: its immense whiteness punctuated by the bridges of the city of the Doges. 'I remember the lines of the Venetian bridges, the oldest ones made of wood, which rested so lightly on the streets, with their soft and sensual contours, almost lost between land and the water,' wrote the artist. As for the 1987 painting, with its unique vibration, it embraces the meanders of time while inviting votive contemplation, caressed by the flickering flame, which undoubtedly is a subtle evocation of church altarpieces. Salt allowed Calzolari to translate the condition of chromatic sensitivity inherent to the colour white, while lead offered its malleability and visible deformation. With formal sobriety, the artist exhumes materials from their ordinary condition, highlighting their very essence rather than what they represent.
Included in most important international private and institutional collections (the Guggenheim in New York, the Fine Art Museum in Boston, the Art Institute of Chicago, the Castello di Rivoli Museo di Arte Contemporanea in Turin, the MAXXI in Rome, the Palazzo Grassi in Venice, the Centre Pompidou in Paris, for example), his works, with the humility befitting mystery and infinite poetry, enable us to see the intangible: impermanence.