
Dominique Ciccolella
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L'authenticité de cette œuvre a été confirmée par Marina Ferretti.
The authenticity of this work has been confirmed by Marina Ferretti.
Provenance
Collection Adèle et George Besson.
Collection Jacqueline Bret André.
Collection particulière, France, (acquis auprès de celle-ci en 1995).
Vente, Oger-Blanchet, Paris, 1er juillet 2016, lot 96.
Collection particulière, Paris (acquis dans cette vente).
Exposition
Paris, Musée du Louvre, Collection George et Adèle Besson, 11 décembre 1964 - 8 février 1965, n° 178, p. 88.
Bibliographie
M. Ferretti-Bocquillon, Signac : Aquarelliste, Paris, 2001, p. 97-101 (certaines aquarelles illustrées p. 100 & 101).
Fondation Angladon-Dubrujeaud, P. Signac en Provence, Avignon, 2006, p. 47-51. (certaines aquarelles illustrées p. 47, 48 & 50)
E. Fresneau, M-B. Baranger & F. Puget, La Bretagne et Paul Signac, Pont-Aven, 2008, (certaines aquarelles illustrées p.134 & 135).
Ce magnifique ensemble d'aquarelles originales où éclatent la liberté de Paul Signac illustre les Mémoires d'un touriste de Stendhal, 1931. Il est composé de deux volumes se faisant suite contenant 16 aquarelles et crayon noir et une encre sur papier Hollande.
En effet, l'admiration que portait le peintre à Stendhal était ancienne. C'est durant la Première Guerre mondiale, à Antibes, qu'il se plongea dans la lecture et l'étude de son œuvre, publiant même anonymement un Stendhal par lui-même en 1914.
Une lettre de Paul Signac à ses amis Georges et Adèle Besson datée du 17 juin 1931 éclaire la genèse de ces aquarelles : « Georges, je vous propose une affaire, en association. Vous prenez deux ex. des Mémoires d'un Touriste (édition Crès ordinaire). Vous les faites débrocher. Vous les reconstruisez, en petits volumes; par provinces selon le texte. Vous interfoliez toutes les 2, 4, 6 ou 10 pages (à étudier) des feuilles blanches de papier Rives, semblable à celui que je dois à la maison Crès, encore ; (Stendhal adorait interfolier ses œuvres pour les notes et les rectifications, vous le savez). Vous faites relier ces petits volumes en toile grise pour moi, en cuir souple ou en toile pour vous. Voilà pour votre rôle. Le mien consistera à remplir ces feuilles blanches, les vôtres comme les miennes, au cours de mes déplacements dans les « localités » décrites par notre marchand de fers. Espérons que j'aurai le temps de remplir quelques-unes de ces feuilles avant de crever. »
Signac ne mis pas ses pas systématiquement dans ceux de Stendhal et refait son voyage carnet en main. En revanche, lorsqu'il se trouvait dans une localité décrite dans les Mémoires d'un touriste, il couvrait de ses œuvres les pages blanches interfoliées.
Ces deux carnets, offerts à George Besson, sont les seuls dont on connaisse l'existence et nulle mention n'a jamais été faite d'un carnet supplémentaire. Ils demeurent exceptionnels par leur rareté.
Ces aquarelles sont toutes très élaborées, extrêmement colorées et se distinguent de celles dont l'artiste remplissait ses carnets de voyage (de dimensions plus réduites). Etant restée dans les carnets, leur condition est excellente et leurs couleurs sont particulièrement éclatantes.
Le premier volume nous amène donc en Bretagne et en Normandie : Saint-Malo, Dol, Avranches, Granville, Coutances, Le Havre, Rouen et Honfleur. Ces œuvres ont probablement été réalisées en avril-mai 1932 (une lettre du 15 avril annonce : « Je pars demain pour la Bretagne »).
Ce qui frappe dans ces œuvres, c'est la joie, la vivacité, la couleur. L'aquarelle fut toujours pour l'artiste un procédé privilégié, celui par lequel il s'est exprimé le plus librement : « Je renonce à une matinée de travail à l'atelier pour m'offrir la joie de quelques croquis à l'aquarelle », écrivait-il déjà en 1897.
L'aquarelle, dit-il encore, doit être « une jonchée de fleurs ». Et il précise : « la rapidité de l'exécution, l'exiguïté du format l'empêchent aussi de s'encombrer de détails qui viendraient figer la sensation ».
Que ce soit la vue de Rouen, où un arbre touffu vient masquer la cathédrale en arrière-plan, celle de la place de Saint-Malo, pavoisée de drapeaux et envahie par les feuillages, celle du port de Granville, avec ses bateaux aux inclinaisons inverses qui donnent une extraordinaire sensation de mouvement, toutes ces images expriment une sorte de jubilation de voir et de sentir.
Comme l'écrit Françoise Cachin dans le Catalogue raisonné de l'œuvre de Signac, « chez cet homme heureux par tempérament, la peinture, à partir d'une certaine époque, bien qu'en de belles réussites, se fige dans une formule déjà établie ; mais l'aquarelle s'épanouit vers une légèreté, une fraîcheur et une liberté de plus en plus grandes. »
Les reflets de l'eau, les teintes des nuages, celles des arbres où le rouge, l'orange, le jaune et le vert se mêlent, tout concourt ici à cette liberté et cette fraîcheur.
La vue du mont Saint-Michel répond parfaitement à la description qu'en donne Stendhal : « Le Mont Saint-Michel sortait des flots comme une île, il présentait la forme d'une pyramide ; c'était un triangle équilatéral d'un rouge de plus en plus brillant et tirant sur le rose, qui se détachait sur un fond gris ». On peut même discerner dans l'aquarelle les traits de crayon préparatoires pour délimiter la pyramide.
Le second album, qui offre des vues de Lyon, présente les mêmes caractéristiques. L'artiste ne va pas chercher les ruelles ou les boutiques, mais il s'attache aux paysages ouverts, où l'eau est sans cesse présente : la passerelle Masaryk sur la Saône, le pont de l'île Barbe, les bords du Rhône, le pont du Change.
Sous le pinceau de Signac, Lyon, ville réputée austère, prend des allures de cité provençale. Là encore éclatent les jaunes, les verts et les roses.
La grande aquarelle à double page qui ouvre le carnet est exemplaire du travail de composition de l'artiste. Elle est encadrée verticalement à droite par l'arche de la passerelle et à gauche par un arbre vert, tandis qu'au premier plan, au centre, une péniche occupe l'espace.
La liberté de l'artiste éclate dans la troisième des aquarelles de ce volume, le Pont aux fleurs. Le pont lui-même n'est qu'une fine ligne grise, tout entière baignée de couleurs tendres, tandis que les miroitements de l'eau, verts, roses et jaunes sont indiqués sous formes de taches colorées.
Paul Signac, on le voit, n'a pas cherché à « illustrer » l'œuvre de Stendhal, mais il a lui-même, par le moyen de la peinture, exprimé ses propres sensations, comme le romancier l'avait fait avant lui au moyen de l'écriture.
Il faut insister sur l'extraordinaire état de fraîcheur de ces aquarelles, qui ont gardé la vivacité de leurs couleurs originelles, et la rareté de cette communion entre l'écrivain et le peintre.
Il s'agit certainement de l'un des plus beaux et des plus riches ensembles d'aquarelles de Paul Signac mis en vente aux enchères.
This magnificent set of original watercolours, bursting with the freedom of Paul Signac, illustrates Stendhal's Mémoires d'un touriste, 1931. It consists of two sequential volumes containing 16 watercolours and black pencil and one ink on Hollande paper.
Indeed, the painter's admiration for Stendhal went back a long way. It was during the First World War, in Antibes, that he immersed himself in reading and studying his work, even publishing anonymously a Stendhal par lui-même in 1914.
A letter from Paul Signac to his friends Georges and Adèle Besson dated 17 June 1931 sheds light on the genesis of these watercolours: "Georges, I'd like to propose a deal, in association. You take two copies of Mémoires d'un Touriste (Crès ordinary edition). You have them uncropped. You reconstruct them, in small volumes, by province according to the text. You interleave every 2, 4, 6 or 10 pages (to be studied) with blank sheets of Rives paper, similar to the one I owe to Crès, again; (Stendhal loved interleaving his works for notes and corrections, as you know). You have these small volumes bound in grey cloth for me, in soft leather or cloth for you. So much for your role. Mine will be to fill in these blank sheets, yours as well as mine, as I travel around the 'localities' described by our iron merchant. Hopefully, I'll have time to fill in a few of these sheets before I croak."
Signac did not systematically follow in Stendhal's footsteps and would repeat his journey with notebook in hand. On the other hand, when he found himself in a place described in Mémoires d'un touriste, he would cover the blank interfoliated pages with his works.
These two notebooks, given to George Besson, are the only ones known to exist, and no mention has ever been made of an additional notebook. They are exceptional in their rarity.
These watercolours are all very elaborate and extremely colourful, and stand out from the smaller ones the artist filled in his travel notebooks. Having remained in the notebooks, they are in excellent condition and their colours are particularly vibrant.
The first volume takes us to Brittany and Normandy: Saint-Malo, Dol, Avranches, Granville, Coutances, Le Havre, Rouen and Honfleur. These works were probably produced in April-May 1932 (a letter dated 15 April announces: 'I'm leaving tomorrow for Brittany').
What is striking about these works is their joy, vivacity and colour. For the artist, watercolour was always a privileged medium, the one through which he expressed himself most freely: 'I give up a morning's work in the studio to give myself the joy of a few watercolour sketches', he wrote as long ago as 1897.
Watercolour, he says, should be 'a jumble of flowers'. And he adds: 'the speed of execution and the smallness of the format also prevent it from being cluttered with details that would freeze the sensation'.
Whether it's the view of Rouen, where a dense tree masks the cathedral in the background, or the square in Saint-Malo, decorated with flags and overgrown with foliage, or the harbour in Granville, with its boats tilted in the opposite direction to give an extraordinary sense of movement, all these images express a kind of jubilation in seeing and feeling.
As Françoise Cachin writes in the Catalogue raisonné of Signac's work, 'for this man, who was happy by temperament, painting, from a certain period onwards, although with some fine successes, froze into an already established formula; but watercolour blossomed into an ever greater lightness, freshness and freedom'.
The reflections of the water, the hues of the clouds and the trees, where red, orange, yellow and green mingle, all contribute to this freedom and freshness.
The view of Mont Saint-Michel perfectly matches Stendhal's description of it: 'The Mont Saint-Michel rose out of the waves like an island, in the shape of a pyramid; it was an equilateral triangle of an increasingly brilliant red tending towards pink, standing out against a grey background'. In the watercolour, you can even make out the preparatory pencil strokes used to outline the pyramid.
The second album, featuring views of Lyon, has the same characteristics. The artist doesn't go looking for alleyways or shops, but instead focuses on open landscapes, where water is constantly present: the Masaryk footbridge over the Saône, the Ile Barbe bridge, the banks of the Rhône, the Pont du Change.
Lyons, a city with a reputation for austerity, took on the allure of a Provençal city under Signac's brush. Here, too, the yellows, greens and pinks burst forth.
The large double-page watercolour that opens the notebook is an example of the artist's compositional work. It is framed vertically on the right by the arch of the footbridge and on the left by a green tree, while in the centre foreground a barge fills the space.
The artist's freedom shines through in the third of the watercolours in this volume, The Bridge of Flowers. The bridge itself is just a thin grey line, bathed in soft colours, while the shimmering green, pink and yellow water is shown in coloured patches.
As we can see, Paul Signac did not seek to 'illustrate' Stendhal's work, but expressed his own sensations through painting, as the novelist had done before him in writing.
It is worth emphasising the extraordinary freshness of these watercolours, which have retained the vivacity of their original colours, and the rarity of this communion between writer and painter.
This is certainly one of the finest and richest sets of watercolours by Paul Signac to come up for auction.