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Lot 11

AUGUSTE RODIN
(1840-1917)
Hanako (Ota Hisa) dit Marseillaise

4 December 2024, 15:00 CET
Paris, Avenue Hoche

€60,000 - €80,000

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AUGUSTE RODIN (1840-1917)

Hanako (Ota Hisa) dit Marseillaise

signé et incsrit 'Aug. Rodin Marseillaise drapeau' (en bas à droite) ; inscrit 'e E' (au revers)
graphite, graphite gras et aquarelle sur papier
Exécuté circa 1907

signed and inscribed 'Aug. Rodin Marseillaise drapeau' (lower right) ; inscribed 'e E' (on reverse)
graphite, wax gaphite and watercolour on paper
Executed circa 1907

32.4 x 25 cm.
12 3/4 x 9 13/16 in.

Footnotes

L'authenticité de cette oeuvre a été confirmée par Christina Buley-Uribe.

The authenticity of this work has been confirmed by Christina Buley-Uribe.

Provenance
Ancienne collection Antonio Santamarina.
Collection particulière, (par descendance).

Expositions
(Probablement) Montevideo, Amigos del Arte, juin - juillet 1958.
(Probablement) Buenos Aires, Museo de Bellas Artes, 1960, no. 5.


Ce dessin magnifique fut sans doute exécuté vers 1906-1907 d'après l'actrice japonaise Hanako, nom de scène d'Ota Hisa, née le 15 avril 1868 à Sobue (Aichi) dont l'histoire et les circonstances de la rencontre avec Rodin méritent d'être brièvement rappelées : Hanako fut formée à la danse traditionnelle japonaise et travailla très jeune comme geisha. Elle s'installa en Europe en 1902 et créa une troupe de théâtre (du nom d'Arayama) qui fut remarquée par une amie de Rodin, la danseuse américaine Loïe Fuller. En 1906, Fuller incita la compagnie à se produire à l'Exposition coloniale de Marseille. C'est là que Hanako rencontra Rodin pour la première fois (par l'intermédiaire de Fuller). Le sculpteur s'y était rendu pour dessiner les danseuses cambodgiennes et profita de son séjour pour aller voir Hanako jouer les deux spectacles qu'elle y donnait : La Vengeance d'une geisha et Galatée. Fasciné par les qualités expressives de l'actrice, il chercha à la revoir pour qu'elle puisse poser régulièrement pour lui. Il l'a rencontra de nouveau à Paris en janvier 1907. Ce fut le début d'une longue et fructueuse collaboration. Rodin exécuta de très nombreux portraits d'elle — dont la célèbre série inspirée de son visage contracté - qui font partie de ses chefs d'œuvres. Moins connus, mais non moins intéressants sont les dessins qu'il réalisa d'après l'actrice. À cette époque, le dessin avait pris une place prépondérante dans les pratiques artistiques du sculpteur. Rebelle aux conventions d'atelier, Rodin invitait ses modèles à s'exhiber de manière instinctive plutôt qu'à « poser » devant lui, obtenant ainsi un répertoire d'attitudes spontanées plutôt que contraintes. À cette liberté des poses s'ajouta la méthode révolutionnaire de Rodin, qui ne quittait pas des yeux ses modèles pendant que sa main dessinait indépendamment sur sa feuille : « Depuis que je m'y suis mis (disait-il j'ai l'impression de savoir dessiner... Et je sais pourquoi mes dessins ont cette intensité : c'est que je n'interviens pas. Entre la nature et le papier j'ai supprimé le talent. Je ne raisonne pas, je me laisse faire ». Rodin réalisait un premier croquis « à l'aveugle », qu'il décalquait ensuite, afin de préserver les qualités initiales de son croquis, puis ajoutait l'aquarelle. Deux étapes étaient donc nécessaires à l'élaboration de ses dessins : le croquis à l'aveugle d'après modèle vivant (fig. 1), puis le dessin de synthèse. Ici, une première esquisse de Hanako nue a donné lieu à une version assez fidèle à ligne unique, simplifiée, synthétisée, que l'artiste a ensuite repris librement à l'aquarelle et au crayon graphite gras avec une vraie frénésie de lignes (fig. 2). L'habillage' du modèle s'est donc fait à posteriori: Hanako n'a pas posé habillée, mais nue, comme l'attestent une vingtaine de dessins conservés au musée Rodin. Il laissa d'ailleurs un témoignage de son admiration pour ses qualités physiques : « Elle n'a point du tout de graisse. Ses muscles sont découpés et saillants comme ceux des petits chiens qu'on nomme fox-terriers : ses tendons sont si forts, que les articulations auxquelles ils s'attachent ont des grosseurs égales à celles des membres eux-mêmes. Elle est tellement robuste qu'elle peut rester aussi longtemps qu'elle veut sur une seule jambe en levant l'autre à angle droit. Elle paraît ainsi enracinée dans le sol comme un arbre. » L'actrice japonaise témoignera plus tard que c'est dès leur rencontre à Marseille en 1906 que Rodin voulut faire un croquis de l'actrice avec son costume de scène en poupée Jingaro, coiffée et habillée. À ma connaissance, il n'existe que quatre autres dessins de Hanako habillée et repris à l'aquarelle : D. 4222, Paris, musée Rodin, traditionnellement considéré comme une danseuse cambodgienne, mais que j'ai identifié comme Hanako (voir Christina Buley-Uribe dans Rodin et les danseuses cambodgiennes. Sa dernière passion, 2006, p. 62.) ; le REC 58 (Fonds provenant de la Commission de récupération, Paris, musée d'Orsay, conservé au département des arts graphiques du musée du Louvre) ainsi que deux autres dessins, aujourd'hui en mains privées. Rodin est incontestablement à cette époque — autour de 1907 — à l'apogée de son art de dessinateur. À ce titre, ce dessin de Hanako est une découverte exceptionnelle, d'autant qu'il s'agit également de la seule version entièrement reprise au lavis d'aquarelle rouge vif. Il vient confirmer le connoisseurship du collectionneur argentin Antonio Santamarina qui posséda plusieurs dessins et sculptures de Rodin, en plus de sa collection de peinture impressionniste. Enfin, on retrouve des annotations « Marseillaise » et « drapeau » dans d'autres dessins de cette époque, comme par exemple, le dessin D. 1555, conservé au musée Rodin.
Christina Buley-Uribe


This magnificent drawing was most likely executed around 1906-1907, inspired by the Japanese actress Hanako, whose stage name of Ota Hisa. She was born on 15 April 1868 in Sobue (Aichi). Her story and the circumstances surrounding her meeting with Rodin merit a brief recounting: Hanako trained in traditional Japanese dance and began working as a geisha from a young age. She moved to Europe in 1902 and formed a theatre troupe (named Arayama), which caught the attention of Loïe Fuller, an American dancer and friend of Rodin. In 1906, Fuller encouraged the troupe to perform at the Colonial Exhibition in Marseille. It was there that Hanako first met Rodin (through Fuller).
The sculptor had come to draw the Cambodian dancers and took the opportunity to attend the two performances Hanako gave: The Revenge of a Geisha and Galatea. Captivated by the actress's expressive qualities, he sought to meet her again so that she could pose regularly for him. He met her again in Paris in January 1907, marking the beginning of a long and fruitful collaboration.
Rodin created numerous portraits of her — including the famous series inspired by her tense facial expressions — which are considered some of his masterpieces. Less well-known but equally intriguing are the drawings he made based on the actress. At this time, drawing had become central to the sculptor's artistic practice. Defying conventional studio norms, Rodin encouraged his models to act instinctively rather than "pose" for him, capturing a repertoire of spontaneous rather than constrained postures.
Adding to this freedom of posture, Rodin introduced his revolutionary method of not looking at his drawing hand but keeping his eyes fixed on the model. "Since I started doing this," he said, "I feel I truly know how to draw... And I understand why my drawings have such intensity: it's because I do not interfere. Between nature and the paper, I have eliminated talent. I do not think; I let it happen."
Rodin would create an initial "blind" sketch, which he later traced to preserve the original qualities of the drawing before adding watercolour. Thus, two steps were essential in the creation of his drawings: the blind sketch from the live model (fig. 1), followed by the refined drawing. Here, a preliminary sketch of a nude Hanako developed into a fairly faithful single-line, simplified version, which the artist then freely reworked with watercolour and bold graphite pencil, frenetically adding lines (fig. 2). The model's "clothing" was added afterward: Hanako posed nude, not dressed, as evidenced by around twenty drawings preserved at the Rodin Museum.
Rodin even left a testament to his admiration for her physical qualities: "She has no fat at all. Her muscles are as defined and prominent as those of small dogs called fox terriers: her tendons are so strong that the joints they attach to are as thick as the limbs themselves. She is so robust that she can balance on one leg as long as she wishes, lifting the other at a right angle. She seems rooted in the ground like a tree."
The Japanese actress later confirmed that from their meeting in Marseille in 1906, Rodin expressed a desire to sketch her in her stage costume as a Jingaro doll, fully dressed and coiffed. To the best of my knowledge, only four other drawings of Hanako clothed and reworked in watercolour exist: D. 4222, Paris, Rodin Museum, traditionally considered a Cambodian dancer but identified by Christina Buley-Uribe as Hanako (see Rodin and the Cambodian Dancers. His Last Passion, 2006, p. 62); REC 58 (Collection from the Recovery Commission, Paris, Musée d'Orsay, preserved in the graphic arts department of the Louvre Museum), as well as two other drawings now in private collections.
Rodin was undoubtedly at the height of his draughtsmanship around 1907. This Hanako drawing is an exceptional discovery, especially since it is the only version completely reworked in vivid red watercolour wash. It confirms the connoisseurship of the Argentine collector Antonio Santamarina, who owned several of Rodin's drawings and sculptures, alongside his collection of Impressionist paintings. Finally, annotations like "Marseillaise" and "flag" appear in other drawings from this period, such as drawing D. 1555, held in the Rodin Museum.
Christina Buley-Uribe

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